Cadres FO 94

Vous avez dit management ? Mais c’est vraiment
sans aucun… ménagement !…… Et pour personne !
Les faits sont têtus, et d’une constante décidément… incontestable ! En l’espèce, il s’agit bien là, du mal être de l’encadrement. Et il ne s’agit pas d’un quelconque « marronnier », prétendument médiatique !
De rapports, en analyses, de parutions en baromètres, la coupe est véritablement pleine, et les désordres collatéraux en sont le signe, alarmant ! Car le phénomène concerne désormais l’ensemble de la ligne hiérarchique en terme de répercussions !
Des invariants
Les prémices auraient pourtant pu être considérées comme plutôt favorables, tant les intéressés très majoritairement se disaient satisfaits d’exercer ce métier de cadre!
Sur les motivations et les préalables, on reste (encore) dans l’image d’Epinal avec, « en tête de gondole », et comme première qualité requise : la prise de décision, immédiatement suivie de l’écoute. Sur le papier, tout est clair, mais il ne faut pas « gratter » beaucoup pour découvrir une réalité moins reluisante…
Une cohérence et une convergence
Pour la majorité des cadres managers, en effet, les éléments étudiés ne diffèrent pas, globalement, quelle que soit le localisation ou la branche. La mission la plus essentielle s’avère être l’organisation de la charge de travail, puis, vient le développement des compétences de l’équipe encadrée, et le soutien à lui apporter en cas de difficultés. Sur un plan théorique, rien de particulier à ajouter,… mais c’est soumis à l’épreuve des faits que le bât commence à… blesser.
Le début d’un hiatus qui va s’amplifiant
Car aujourd’hui, unanimement, la difficulté principale perçue par le cadre manager est bien constituée par l’avalanche des tâches de tous ordres ! Et nous voilà submergés par ce véritable cahier de revendications ! Suivre et établir des cohortes de statistiques, (c’est sans fin), rédiger des rapports d’activités en tout genre, assurer sans cesse le « reporting »,… autant d’activités bien trop chronophages qui sont exercées au détriment du management et du métier cadre à proprement parler.
Au détriment de l’essentiel
Les vraies priorités des managers sont pourtant connues et souvent (toujours théoriquement), reconnues !… Elles s’articulent entre l’organisation nécessaire, rapportée aux outils multiples, et en mutation permanente. Mais cela est à rapprocher aussi des questions d’effectifs (toujours en diminution), des faramineux projets, nationaux, régionaux ou locaux, quand on n’est pas à l’international, à mener de front, le plus souvent dans une grande solitude !… Sans compter la gestion du stress et l’amélioration des conditions de travail des agents sous la responsabilité desdits managers. Pour ce qui est de la gestion du stress du manager, lui même, nous n’en sommes pas là ! (pour le miracle, il faut toujours prévoir un délai).
Une myriade d’intercalaires dans le mille-feuille
Personne ne conteste la nécessité des statistiques, et la gestion des indicateurs, évidemment prépondérants.
La question est plutôt liée au volume et à l’intensité,… et peut être (surtout ?) l’absence de « retour », comme si « tout cela se retrouvait broyé digéré dans un trou sans fond, et donc sans retour…
Malgré la masse, et le degré d’exigence qui semblent n’avoir plus de limite, les managers semblent estimer qu’ils restent proches de leurs équipes, pensent les soutenir, et leur apporter ainsi, une aide technique et humaine….
Nous ne sommes pas à un paradoxe près
Voilà pour les cadres managers ! Mais lorsque l’on pose la même question aux membres de l’équipe, la perception des agents s’avère toute différente ! En effet, les collaborateurs estiment que leurs responsables ne sont (le plus souvent), pas disponibles.
De la même façon, et nonobstant l’analyse et la perception des managers, versus rémunération, les mêmes collaborateurs déplorent l’absence d’évolution professionnelle et, de facto de progression salariale.
La mise en cause de l’encadrement
C’est à cette occasion que se renforcent les constats « à charge », avec des collaborateurs insistant sur le fait qu’en l’absence de compétences techniques les cadres, majoritairement, sont désormais dans l’incapacité d’apporter un soutien dans la résolution des dossiers, un tant soit peu techniques… Il existe certes des exceptions, mais elles semblent confirmer la règle. Il n’est pas question ici, sauf cas particulier, et là cela dépend véritablement du contexte de prôner ou de faire l’apologie du « cadre super-technicien »,… mais il existe des limites en deçà desquelles il n’est pas possible de descendre…
Et ne parlons (surtout) pas des didacticiels, souvent indigents !
Le « nerf » de la guerre ?
On entend affirmer fréquemment, que les cadres n’évoquent pas leur niveau de rémunération, et semblent donc satisfaits (?)…
D’où tient « on » cela ? Nous situerions nous dans une logique (?) de qui ne dit mot consent ? Tandis que, corrélativement, les collaborateurs, pris généralement, ou les « jeunes », (mais tout est relatif), seraient démotivés, compte tenu de la faiblesse de leur rémunération. On sait depuis Herzberg et la théorie de la motivation (qui elle, n’a pas pris une ride), que l’élément salaire constitue un aspect (certes essentiel, dans le présent contexte), mais parmi d’autres…
Un télescopage inévitable, dans un contexte délétère
Tous ces éléments, semble t il traduisent un immense malaise aux multiples facettes. Factuellement tout ceci reste lié, à l’évidence, à l’accumulation sans fin des missions, activités et tâches qui incombent désormais aux managers. Et ceci se surajoute à l’infini, bien sur en plus, et au détriment du cœur de métier : le management. Les « clients » principaux, des managers, si l’on peut dire, sont les « directions » à qui il faut rendre des comptes quotidiennement : résultats, indicateurs, processus, indices de qualité, restes à charge, tableaux de bord (en hauteur ou à l’italienne ?), plans de prospective, projets d’entreprise, le tout sur fond de réduction drastique des effectifs et des moyens.
Des constantes… qui se surajoutent
Certains métiers ont disparu ou s’étiolent, alanguis au sein des services : le secrétariat par exemple, ce qui amène le cadre à rédiger et taper l’ensemble de ses courriers lui même. Et il n’en manque pas !
La disparition des services techniques et / ou de documentation, (parfois les deux), oblige le cadre à exploiter quotidiennement les aspects réglementaires, décrets et autres législations, le tout en « direct live », et sans aucun filtre ou support. Il faut désormais « tout » savoir sans disposer du temps d’appropriation nécessaire… (pour le miracle, voir plus haut) !
Tant va la cruche à l’eau…
Chaque manager, pour rentrer dans le détail doit ainsi trier, comprendre, relayer et transmettre l’information, et puis répondre à des questionnaires en tout genre ! Pour quel usage d’ailleurs ?
Mystère à peu près absolu,… car le « retour », on l’a vu, n’est pas, en cette occurrence une vertu ou la qualité des mieux partagée…D’où un sentiment de travail inutile, et sans effets,… sinon sur la surcharge de travail ! Un gros investissement, mais sans « retour »… sur investissement !… Et pour… quoi faire ?
Hermès aux pieds ailés (ou zélés ?)
Et puis il s’ajoute à tout cela, l’usage de la messagerie,… qui s’avère par ailleurs aussi abusif qu’excessif, et englue le cadre dans un fatras d’informations dont il doit extirper, seul, (toujours seul), la quintessence, la substantifique moelle. (voir plus haut !). Ne va t on pas jusqu’à communiquer par mail avec le bureau d’à côté ? Bonjour les relations humaines ! (Cela semble d’ailleurs devenir un « gros mot »). Alors, s’il faut changer d’étage …
Et l’on mesure un peu plus, avec Henri de Montherlant, « la solitude du coureur de fond »…
une demande insaisissable (comme le mercure ?)
Cette demande, légitime, consiste à pallier les effets de la réduction permanente des effectifs. On assiste d’ailleurs à un glissement d’activités d’un service sur un autre, sans avoir son mot à dire, petit à petit, et parfois, insidieusement. Flexibilité des tâches (aussi ?)
Il n’est qu’à ouvrir les yeux, ici ou là, pour voir les queues s’allonger, faute de personnel en nombre suffisant (et formé) pour satisfaire la « demande »… Les préfectures étaient connues, la poste aussi mais on assiste à un changement de modèle y compris dans les caisses de sécurité sociale (Cpam & Caf), et le privé marchand n’échappe plus à la norme…
Ce que l’on peut tirer de ces constats au long cours
A ces éléments, tous subis, il convient d’ajouter des aspects propres à la rupture générationnelle !… En effet, les cadres les plus anciens disposent d’une technicité de très haut niveau, de par leur cursus professionnel et l’application d’organisations adaptées et rodées. Pourquoi s’acharner encore à découper les tâches ?

Aujourd’hui, les cadres nouvellement embauchés et les employés les plus jeunes, ont de par les organisations segmentées en processus, une vision raccourcie,… et des activités, avec corrélativement des perspectives singulièrement rétrécies…
Des stratégies à courte vue, « perdant perdant »
La technicité constitue pourtant bien une compétence ! Et elle s’éloigne de plus en plus du terrain, au fur et à mesure que partent les plus anciens,… et cela vaut pour les cadres et employés ! Autant dire que partent avec eux la connaissance, la technicité et le professionnalisme, le savoir faire, et la relève n’est assurément… pas assurée. Quosque tandem ?
Car cette rupture, ces cassures au long cours sont facteur de désengagement par une « désimplication » de plus en plus importante… Et les pratiques en pâtissent ! Il n’est pas rare de voir démotivé tel qui naguère avait toujours une sinon « la » bonne idée pour passer un cap, une difficulté conjoncturelle… (« ma » créativité je la garde pour l’extérieur… entend on quelquefois).
Le salaire… de la peur ?
Quant à la rémunération,… parce qu’il faut bien en parler, dans ce contexte de blocage tout azimuts,… car il existe une gradation dans le caractère calamiteux des constats opérés !… Et si l’on peut constater que les salaires de « cadres » n’atteignent pas le plafond de sécurité sociale, il est alors loisible d’affirmer que la cotisation forfaitaire «retraite cadre» s’avère de fait, une tromperie. Nous voici à la limite de la malhonnêteté ! Encore une manœuvre dolosive ! Et manifestement, les cadres, ou réputés tels sont à l’évidence des salariés comme les autres ! Pas de quoi, assurément, s’en réjouir !
Quelques projections sous forme de perspectives…
Seul un calibrage, concerté, sous la forme d’une mise à plat, des problèmes des collaborateurs d’une part, et ceux très spécifiques de l’encadrement, d’autre part, permettra de sortir de l’impasse.
Ce qui revient ipso facto à redéfinir le statut du cadre, des cadres, en restant bien dans ce cadre. Il en est plus que temps ! Pour qu’enfin, soit clairement défini, qui est cadre, ce que fait un cadre, combien gagne un cadre et quelles sont ses perspectives professionnelles ?
Cette discussion, dont le caractère récurrent n’échappe à personne, et ce quelle que soit la branche, permettrait au moins de ne plus entendre l’éternel discours sur les seuls « bas salaires », & « les jeunes embauchés »,… avec ce profond désintérêt pour l’encadrement. D’autres organisations nous ont rejoint sur ces constats !
L’année 2014 se doit d’être celle de la reconnaissance du statut de cadre, avec une rémunération en conformité avec le degré d’exigence qui reste attaché à la fonction, et sa reconnaissance spécifique. Ce n’est qu’un début, continuons le débat !
D’ailleurs le frémissement, en terme de syndicalisation de l’encadrement, semble porteur d’espoir… Raison de plus pour s’engager !
Cadres ! On pense à Vous !… Pensez à vous… syndiquer !
L’adresse du site fo cadres national : www.fo-cadres.fr
L’adresse du site Fo cadres local : ud fo 94 rubrique cadres FO 94
Précision : Un groupe de travail se réunit régulièrement à l’UD du Val de Marne. L’historique des articles sur le site est accessible depuis 2004.

Dernière modification 23 août 2020

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